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Sud-Ouest : La Maison des Femmes et le confinement

Dans son rôle, c’est Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Égalité Femmes-Hommes, qui a tiré la sonnette d'alarme lundi juste avant la période de confinement imposée aux Français. « C’est un terrain propice aux violences conjugales », a-t-elle affirmé.Pour autant, quelques heures plus tôt, La Maison des Femmes de Villeneuve-sur-Lot venait de fermer ses portes. « Nous avons trois salariées et une vacataire, et nous recevons du public. Nous avons donc pris cette mesure pour protéger l’équipe, explique Colette Valat, présidente de la structure.  Et puis de toute façon, nous n’avons pas le choix, c’est une obligation qui nous a été faite, les services de l’État estimant qu’une permanence téléphonique suffisait durant cette crise sanitaire. »Néanmoins, la dirigeante donne pleinement raison à Marlène Schiappa et évoque « un accroissement des risques évident». D’autant que les femmes profitent habituellement du départ de leur mari de l’habitation pour pousser la porte de la structure et obtenir une oreille attentive voire, dans le pire des cas, un abri. « De plus, en cas de violences conjugales durant ce confinement, cela implique, vu que les enfants ne sont plus à l’école, qu’ils assistent à ces terribles scènes », soupire-t-elle.

« Pour sortir de leur habitation et pouvoir nous appeler, les femmes peuvent prétexter d’aller aux courses par exemple ».
Mercredi, elle a quand même appelé la Sous-préfète de Villeneuve, Véronique Schaaf, et la déléguée départementale aux Droits des femmes pour envisager une éventuelle dérogation. Sans succès. « Pour sortir de leur habitation et pouvoir nous appeler, les femmes peuvent prétexter d’aller aux courses par exemple, reprend-elle, avant de détailler la procédure. Elles pourront alors s’entretenir avec une conseillère qui, pour les cas d’urgence et de danger avéré, renverra sur la déléguée départementale pour une mise en sécurité ». Colette Valat regrette de ne pouvoir proposer mieux durant cette période « inédite » et promet, « si ça se reproduit, de mieux anticiper cette situation ». En attendant, elle croise les doigts : « Si ce confinement et ces déplacements restreints peuvent amener du bon avec une baisse de la pollution et une diminution du nombre de tués sur les routes, j’espère que le nombre de femmes victimes de violences conjugales ne sera pas encore pire durant les prochains jours. »

Contacts : la Maison des Femmes 05 53 40 03 62 sans oublier le 3919 mis en place par
l’État (gratuit et anonyme).

Sud-Ouest, Thierry Dumas, le 18 mars 2020.